Un groupe de travail du Conseil de Sécurité de l'ONU vient d'examiner un rapport de Human Rights Watch* (octobre 2007), sur les violations commises à l’égard des enfants en Birmanie par l'armée, mais aussi par certains groupes ethniques en guerre contre le pouvoir central birman.
Confronté à une importante pénurie d’effectifs militaires, le gouvernement birman recrute de force et depuis de nombreuses années des enfants au sein de son armée (la Tatmadaw), dont certains n’ont pas plus de 10 ans, a déclaré, dans un rapport remis à l'ONU, Human Rights Watch*.
De plus, des groupes armés non gouvernementaux (guérillas ethniques) recrutent et utilisent aussi des enfants-soldats, dans de moindres proportions. Selon l'UNICEF, sur environ 250 000 enfants-soldats dans le monde, la Birmanie en comprendrait actuellement plus de 50 000, les chiffres variant toutefois d'une organisation à une autre, car, bien évidemment, ni l'armée birmane ni les groupes ethniques en guerre contre elle ne communiquent de chiffres sur ce sujet !
On sait toutefois, selon le rapport de Human Rights Watch* et les nombreux témoignages recueillis, que des recruteurs militaires birmans achètent et vendent littéralement ces enfants pour combler les vides dans l'armée.
Basé sur une enquête menée en Birmanie, en Thaïlande et en Chine, ce rapport de 135 pages, intitulé "vendus pour être soldats : le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats en Birmanie", révèle que les recruteurs de l’armée reçoivent des versements en espèces et autres primes pour chaque nouvelle recrue. Ces pratiques de trafic (achat/vente) d'enfants sont malheureusement courantes en Birmanie !
Un garçon a confié à Human Rights Watch qu’il avait été recruté de force à l’âge de 11 ans, en dépit du fait qu’il ne mesurait qu’1m30 et pesait moins de 31 kilos. Les officiers travaillant dans les centres de recrutement falsifient régulièrement les dossiers d’enrôlement afin de faire passer les enfants pour des jeunes de 18 ans, l’âge minimum légal pour le recrutement.
Les recruteurs ciblent les enfants qui se trouvent dans les gares de trains et d’autobus, sur les marchés et autres lieux publics, les accusant de vols et les menaçant de prison, s’ils refusent de s’engager dans l’armée. Certains enfants sont battus jusqu’à ce qu’ils acceptent de se porter « volontaires ».
« Les généraux de haut grade du gouvernement tolèrent le recrutement éhonté d’enfants et s’abstiennent de punir les auteurs de ces actes », déplore Jo Becker : « Dans ce contexte, les recruteurs de l’armée se livrent au trafic d’enfants en toute liberté ».
En règle générale, les enfants-soldats suivent un entraînement militaire de 18 semaines. Certains sont envoyés dans des situations de combat quelques jours après leur déploiement dans des bataillons. Ceux qui tentent de s’évader ou de déserter sont battus, à nouveau recrutés de force ou emprisonnés. Tous les ex-soldats interrogés par Human Rights Watch ont signalé la présence d’enfants dans leurs unités d’entraînement. Ils représenteraient actuellement (en 2007) près de 30 % des nouvelles recrues dans les camps d’entraînement.
Et plusieurs témoins nous ont affirmé que dans certains bataillons formés récemment, près de la moitié des soldats sont des enfants !
Mais, il faut savoir que la majorité des groupes armés birmans non gouvernementaux, dont certains comportent plusieurs milliers de combattants, recrutent et utilisent également des enfants-soldats dont certains n'ont parfois pas plus de 11 ou 12 ans.
Le secrétaire général des Nations Unies a déjà épinglé les forces armées nationales birmanes dans quatre rapports consécutifs au Conseil de Sécurité pour avoir violé les lois internationales interdisant l’utilisation d’enfants-soldats. Le secrétaire général a également mentionné plusieurs groupes armés d’opposition au nombre des violateurs.
Ces enfants sont souvent confrontés à des situations d'une violente innommable : on les envoit brûler des villages (parfois les leurs !), violer des femmes de leurs communautés, encadrer le travail forcé, combattre sur le front contre les mouvements rebelles, etc.
(Lire Des enfants-soldats birmans racontent).
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*Human Rights Watch est l’une des principales organisations indépendantes au monde qui se consacrent à la protection et à la défense des droits humains.